Après avoir suspendu en septembre pour des motifs religieux l’exécution de John Henry Ramirez, condamné à mort au Texas, la Cour suprême des Etats-Unis s’interroge sur le bien-fondé des arguments pointés par son avocat, Seth Kretzler.
John Henry Ramirez, condamné à mort au Texas, a obtenu un sursis en septembre dernier après que son avocat, Seth Kretzer ait fait valoir que l’État violait sa liberté religieuse en n’autorisant pas la pasteure qui l’accompagne depuis plusieurs années à lui imposer les mains au moment de son injection létale.
Mardi 9 novembre, les juges de la Cour suprême se sont penchés sur sa requête, et sont apparus divisés sur cette question. Au nom du respect de la liberté religieuse, les juges progressistes ont semblé sensibles à la demande du condamné. Les magistrats conservateurs ont, quant à eux, exprimé des doutes sur sa sincérité. Ils craignent également d’ouvrir la porte à un « flot ininterrompu » de requêtes de ce type en donnant raison au plaignant.
En 2004, John Henry Ramirez a été condamné à la peine de mort pour le meurtre de Pablo Castro, employé d’une épicerie poignardé à 29 reprises lors d’un vol qui lui a rapporté 1,25 dollars, soit 1 euro. Si le condamné ne prétend pas échapper à son exécution, il a depuis son crime confié sa vie à Jésus et est guidé spirituellement par la pasteure Dana Moore. Il souhaite la présence de celle-ci lors de son exécution, l’imposition de ses mains et une prière à haute voix.
Une pratique autorisée par les prisons du Texas de 1982, lorsque la peine de mort a été réhabilitée, jusqu’en 2019. Une précédente porte-parole du Département de la Justice du Texas a déclaré dans une note à la Cour que sur environ 300 exécutions auxquelles elle a assisté entre 2000 et 2012, un aumônier imposait les mains, dans la plupart des cas, au condamné au moment de sa mort.
En outre, Christianity Today rapporte que selon les officiers pénitentiaires texans, un aumônier d’état a le droit de toucher une personne sans interférer avec l’exécution tandis qu’une personne extérieure, même si elle a été approuvée et a accepté les protocoles de sûreté, fait courir des risques de sécurité inacceptables.
Un point également évoqué par le juge à la Cour suprême Brett Kavanaugh qui a déclaré que le compromis religieux doit dépendre de l’acceptabilité des risques et que l’Etat veut que le risque soit aussi proche de zéro que possible.
Pour l’avocat de John Henri Ramirez, il n’y a pas de preuve statistique d’un risque dans la mesure où aucun conseiller spirituel dans l’histoire du Texas ou d’autres états n’a interrompu ou causé le dysfonctionnement d’une exécution. L’Etat a par ailleurs déjà autorisé la présence de la pasteure de son client mais a demandé à ce qu’elle reste silencieuse et n’ait pas de contact avec lui.
La Cour va examiner ces différents arguments et son verdict est attendu en 2022.
Eric Coursodon